Je pleure en sortant du NaturInstitut, route Sioqqinneeq.
La personne qui me reçoit et dont je connais le visage et le programme de recherche par cœur m’explique élégamment que, sans appointment, je ne peux pas entrer dans leur Institut. Il me dit simplement se souvenir de mon mail auquel il n’a pas répondu.
Face au bloc 8, rue H. J. Rinksvej, je me tape le meilleur hamburger du monde.
J’ai rendez-vous avec Henriette Rasmussen, là ou elle travaille, à KNR, la télévision et radio groenlandaises. Elle, figure politique engagée pour sa terre groenlandaise. Ce prénom et cette langue.
Pas de connexion internet chez moi. Descendre au centre de Nuuk et se rendre à l’unique cyber-café du Groenland. Je télécharge à outrance des documents liés aux programmes du Centre d’Etudes Climatiques, de ceux qu’il me manque, afin de me préparer à frapper à la porte du NaturInstitut. Le temps est désespérément couvert depuis hier. Un temps nuageux.
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Info/cv/Kristine_E_A_CV_en09.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Marin/Klimaforskningscenter/MaBl_CV_feb_2011_01.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Marin/Klimaforskningscenter/TRC_CV_2011.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Marin/Klimaforskningscenter/TRC_Pubs_070111.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Marin/Klimaforskningscenter/CV/Ronnie%20Glud%20CV.pdf
http://www.natur.gl/index.php?id=705&L=3
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Marin/Klimaforskningscenter/CV/ThPe_CV_Info.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Marin/Klimaforskningscenter/CV/ThPe_CV_Publications.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_files/Dokumenter/GCRC/CV_PSM_2011.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_files/Dokumenter/GCRC/SR_CV_update_full_version5_2011.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Info/cv/CV-Simon_gn__2_.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Info/cv/masi_100716_publications.pdf
http://www.natur.gl/fileadmin/user_upload/Marin/Klimaforskningscenter/DoSo%20CV%202010.pdf
(…)
Le Cloud Computing est le dernier concept, sorti des entrailles de notre si chère industrie de l’internet, qui réussira définitivement à nous offrir la tragédie à laquelle nous ne sommes pas préparés. A savoir la destruction massive et imminente de toutes nos données sensibles et sensées. C’est assez simple, lorsque nous pouvions quitter hier une application sur nos machines locales, nous laisserons demain les programmes à vif, sur quelques serveurs distants et bouffant de l’énergie électrique sans repos. Lorsque la plateforme, qui exécute l’application, pouvait s’ordonner à nos rythmes de travail et de loisirs, elle sera sans cesse convoitée pour le meilleur et pour le pire. Lorsque l’infrastructure, qui est le support de la plateforme, se ménageait de nos inconsistances, elle sollicitera les moindres tressaillements de nos besoins fictifs, inventant des services de surveillance, de upload et de conneries en tout genre. Le Cloud Computing nous promet la mort certaine d’un territoire que nous pensions avoir conquis en toute intimité. Lorsque nous en serons tous devenus esclaves, il sera bien trop tard pour envisager un retournement, une issue quelconque. Nos organes à distance, la chair écorchée, nos corps tiraillés de ces données livrées à quelques uns, nous serons dans l’impossibilité de réécrire leurs narrations, d’en comprendre leurs natures.
(…)
Ciel nuageux, Nuuk
Nuage, Nuuk
Je lis Qitdlarssuaq, l’histoire d’une migration polaire de Guy Mary-Rousseliere publié aux Editions Paulsen.
« Début du XIXeme, une quarantaine d’Esquimaux, sous la conduite d’un des leurs, Qitdlarssuaq, quitte la Terre de Baffin et fait route vers le nord (…) ».
Passant la corde par le trou d’aération, il dit à sa femme de placer le nœud coulant autour du cou de l’enfant. Mais la femme tergiversait, tandis que l’enfant implorait : « attends encore un peu, que je cherche s’il reste de la viande ! » et se jetant sur l’aki - la plateforme ou l’on mettait la viande - il fouillait parmi les ossements humains dans l’espoir d’y trouver quelques restes de chair. (…)
Aqqusinersuoq
H. J. Rinksvej
Dimanche 3 juillet, je cours sur la route de Sioqqinneeq.
Je sais ce que j’y cherche : le NaturInstitut de Nuuk. Ce dernier accueille en son sein le Centre d’Etudes Climatiques. J’ai lu tous les programmes scientifiques lancés par le Centre et son jeune directeur, Søren Rysgaard. J’ai adressé un mail aux scientifiques présents à Nuuk en cette période pour leur demander de bien vouloir me recevoir quelques instants. J’ai cette question à leur poser :
“Dans 20 années, lorsque nos dernières glaces auront disparu, à quoi ressemblera ce paysage, que restera-t-il de cette dérive, que ferons-nous de ces images ?”
Route de Sioqqinneeq, l’Université et le NaturInstitut de Nuuk
Route de Sioqqinneeq, le récent cimetière de Nuuk
Ce samedi 2 juillet 2011, je me rends dans le centre ville de Nuuk par le bus 2a. En rentrant tard le soir, je ventouse ma caméra contre la vitre du bus.
Le 1er juillet 2011, Nuuk, quartier de Nuussuaq. Ce soir tard, je ventouse ma caméra à l’une des vitres de cet appartement, le mien pour 3 semaines. Cette première nuit passée Sans Soleil pendant quelques minutes, route Qaava 4-15.
Greenland Connect
2012 - 2032
Greenland Connect serait un monde virtuel, d’une durée de 1 et 20 années à la fois, dont l’avancée narrative et la transformation géologique sont programmées, en ce temps réel, à partir de la transmission de données scientifiques saisies en Terre Arctique.
La fiction se déroule au sein de cette immensité transparente et bleutée - une terre virtuelle, c’est-à-dire possible. Le visiteur connecté entre dans la fiction, avatar de son propre corps. Il marche sur les glaces, en survole le paysage, il rencontre l’autre visiteur, traverse cette réelle expérience. C’est l’histoire d’une femme qui regarde la dérive de nos dernières banquises, de nos derniers serveurs informatiques. Elle se souvient du silence des glaces, du fracas des glaciers et de nos données. Ce qu’elle a regardé n’existe plus. Nous serions en 2032.
Essai, modélisation monde virtuel – Données Pôle Nord, courants géostrophiques
Propulsé par WordPress
